EDWARD TOUT AU LONG D’ HESITATION
Il m’a encore plus éblouie dans ce tome. Bella n’exagère pas, il a la plus belle âme qui soit. Et c’est cette beauté là que j’aime en lui, au-delà de son côté mystérieux et sombre qui m’avait fascinée au début, au-delà de sa beauté physique, au-delà de son romantisme.
Suivre son évolution est quelque chose de captivant et de douloureux. Il ne cesse de me surprendre et de me bouleverser à un point que ça en est irrationnel pour un personnage de fiction. S’agissant de lui, pour une fois, je ne serai pas désolée d’écrire longuement, le retracer tout au long de ce tome tel que je l’ai suivi et ressenti ici. Ca me libère, je me fais juste plaisir et je le partage avec les courageux (ses). Les allergiques au posts fleuves, s’abstenir.
Comment ne pas être torturé et avoir des réactions extrêmes sous l’effet explosif de ces émotions humaines qu’il doit concilier avec sa nature, et concilier son bonheur avec celui de Bella qu’il place au-dessus de tout. Certaines situations le conduisent parfois à l’excès et je valse tantôt d’un contraste à l’autre : son ultra-protectivité, son ouverture, sa possessivité, sa tolérance, ses pertes de contrôle, sa maîtrise, ses colères, sa douceur, sa vivacité, son infinie patience, ses souffrances, ses joies, son assurance, ses doutes…
C’est tout comme il se trouve égoïste d’accepter de vouloir une humaine et qu’il procède à l’opposé en faisant preuve d’abnégation quand il s’agit d’elle. D’ailleurs, je glisse une phrase, lue sur un forum espagnol, qui m’avait amusée: on devrait ajouter sur le dictionnaire « Edward » comme antonyme d’égoïste.
Edward a enfin accepté qu’il puisse être aimé pour ce qu’il est et de la transformer. Mais il n’en reste pas moins en conflit entre la vouloir et la priver et d’un futur humain et de son âme. Après l’avoir cru morte, il est si terrorisé pour sa vie qu’il en devient surprotecteur. D’abord avec lui-même. Alors qu’il sait qu’il maîtrise maintenant l’impact de son odeur, malgré son désir, il ne s’autorise pas davantage de contacts physiques de crainte de la blesser. Et c’est dans cet état d’obsession de la préserver du danger qu’il interdit et empêche Bella de fréquenter les loups qu’il juge instables, surtout qu’Alice ne peut les percevoir. Sans oublier ses manœuvres pour l’éloigner de Victoria en l’emmenant chez sa mère.
Mais si lui a vécu replié sur lui-même durant sa séparation, Bella en tentant de survivre comme elle a pu, s’est attachée à celui qui l’a aidée et à son environnement. Et quelque part cet intérêt qu’elle éprouve pour Jacob va le faire réagir… à m’en donner le tournis.
Pris entre la crainte qu’elle ne se mette en danger et la jalousie, il en devient possessif au point de la faire kidnapper durant sa chasse et le pousse à s’enhardir. Pour reporter l’exclusivité de son attention, il va ainsi installer un grand lit qui pourrait faire allusion à leurs futurs ébats conjugaux et va repousser ses limites en osant des gestes plus sensuels à son retour.
La retenir prisonnière est une triple erreur, l’effet contraire de ce qu’il désire pour elle. Cela incite Bella à courir des risques en filant en douce, à l’empêcher d’être heureuse au mieux et de la priver de découvrir quelles expériences humaines elle voudrait vivre. Alors il accomplit un travail sur lui-même et va faire des efforts pour se modérer, apprendre à partager, maîtriser sa jalousie et ses instincts meurtriers contre son ennemi naturel. Mais aussi prendre une décision en parallèle.
Lui qui souhaiterait qu’elle ne renonce pas à son humanité, pour une de ces raisons là, est pourtant anxieux de savoir que Rosalie a raconté son histoire et ce désir d’enfant qu’elle ne pourra jamais assouvir. Il aurait pu se servir de cet argument pour plaider en sa faveur au lieu d’appréhender que Bella ne le soulève. C’est cette part de lui qui la veut qui réagit instinctivement, opposée à sa raison. Mais aussi un sujet douloureux qui ravive ce pourquoi il se trouve d’un égoïsme criminel de la vouloir. Quelque chose qu’il ne pourra jamais lui offrir et ce à quoi elle sacrifiera. Il se doit justement de lui laisser l’opportunité d’aimer quelqu’un d’autre si c’est meilleur pour elle quitte à en souffrir. Il en viendra à demander à Alice si elle voyait Bella plus heureuse avec Jacob.
Il reconnaît aussi le besoin de Bella d’être avec Jacob. Lui-même, ne lui est-il pas reconnaissant pour tout ce qu’il lui a apporté pour la hisser à la surface et pour l’avoir sauvée à plusieurs reprises. A-t-il aussi justement le droit de le considérer dangereux alors que lui-même doit constamment se concentrer pour ne pas la blesser. Comme il le lui dit, il ne veut pas que cette question les sépare.
Il comprend également sa nécessité de s’amuser avec cette insouciance naturelle qui sied à sa jeunesse comme le plaisir de faire de la moto, activité qu’il reconnaît mieux réservée à Jacob. Et voir Bella heureuse le rend heureux. Alors, non seulement il consent qu’elle voit Jacob mais il se propose de l’y emmener. Cependant, dès qu’il arrive à la frontière du territoire, il panique en comprenant que les motivations de Jacob dans cette invitation au feu de camp ne sont pas aussi innocentes qu’il y paraît. Il sait désormais qu’il cherchera à l’éloigner de lui par tous les moyens bien qu’il s’en était déjà méfié et avait ainsi embrassé les cheveux de Bella juste avant que Jacob ne vienne identifier l’odeur dans sa chambre.
Comme s’il n’était pas suffisamment préoccupé avec ses conflits internes, était venu s’ajouter l’inquiétude occasionnée par Victoria et les meurtres de jeunes vampires. Pas étonnant qu’il dise à Bella que tout leur tombait sur la tête en même temps. Et c’était sans compter sur ses derniers tourments, Jacob, et l’attitude de Bella sous la pression du danger.
Tous ces événements complexes doivent le déstabiliser par moments. Bella est sa faiblesse. Désorienté par ce ballet houleux, il n’arrive plus à raisonner comme il avait l’habitude de faire et l’empêche entre autres de discerner un possible lien entre Victoria et l’armée de nouveaux nés. Ne pas avoir à dormir ne l’arrange certainement pas, il n’en a que plus le temps de se tourmenter et de calculer. Un peu de Lexomil ne lui aurait pas fait de mal…
Bella avait obtenu la promesse de se faire transformer par Carlisle après la remise de diplômes mais souhaiterait plus que tout au monde que ce soit Edward. Bien qu’il le désire profondément, face à sa précipitation et devinant son aversion pour le mariage, il le lui avait proposé comme condition pour lui donner subtilement entre autres le plus de temps de réflexion.
Or, la date de remise des diplômes approche et il constate que sa condition n’a pas la portée escomptée. Car, sous l’effet de la menace environnante, Bella envisagerait même d’avancer la date alors qu’il ne la sent ni prête ni ne lui exprime son acceptation de se marier. Il ne cesse de la prier d’attendre que le problème Victoria soit résolu. Il veut que ce soit le choix qui la pousse et non la peur. Et il en vient à douter qu’elle désire que ce soit lui par-dessus tout qui la transforme et à se demander si elle n’est pas plus attirée par l’immortalité que par lui.
Il doit lutter sur tous les fronts mais sentir Jacob derrière, l’a poussé à mener le plus dur des combats. Lutter contre ses propres désirs en contradiction. Il se bat tout en préservant son objectif primordial. Le bien être de Bella et sa sécurité. Malgré cette déchirante part qui le dispute, on sent qu’il progresse dans ce sens. Quand elle s’inquiète qu’il l’aime moins après sa transformation, c’est pétillant de gaité qu’il s’exprime non pas au conditionnel mais au futur : «
tu n’imagines pas à quel point les choses seront plus faciles pour moi quand je ne serai plus obligé de me concentrer pour ne pas te tuer.» Rassuré de savoir que l’éternité sans lui n’intéresse pas Bella et que la principale raison qui l’horrifie de se marier est la rumeur qu’engendrerait cet acte en étant si jeune, il poursuit son avancée. On le ressent à travers sa réponse lorsque Bella lui demande si elle sera aussi forte qu’Emmet : «
à propos, rends-moi service. Défie-le au bras de fer ». Il ne s’interpose plus avec cette notion de temps, juste de renoncer lorsqu’elle semble inquiète.
Animé par cette résolution, il doit atrocement souffrir que Bella manifeste à nouveau le désir de retourner à la Push plutôt que d’être gardée par ses frères pendant sa chasse. Et s’il ne démontre rien au début et semble détendu en l’emmenant, l’anxiété le trahit en lisant les pensées de Jacob. Pourtant, il ne risque ni de lui confier les intentions de ce dernier, lui laissant le soin de le découvrir et réagir elle-même, même si cela l’inquiète, ni de lui avouer que cela le rend douloureusement jaloux. Car s’en ouvrir, amènerait Bella à culpabiliser, à la pousser dans des retranchements qui créeraient un dilemme en la faisant souffrir de rendre l’un ou l’autre malheureux. Il ne veut surtout pas le lui faire subir après ce qu’il lui avait infligé en l’abandonnant d’autant plus qu’il est responsable de ce rapprochement.
Après avoir vécu un enfer d’inquiétude, on ne peut que s’attendre à ce qu’il éprouve plus que du soulagement, une explosion de joie lorsqu’elle le dépêche à son retour. Outre sa maîtrise et sa froide sérénité envers Jacob en apprenant qu’elle a été embrassée contre son gré, c’est sa réaction qui m’a sciée face à l’attitude provocatrice de Jacob affichant sa détermination de lui ravir Bella. Ce « ELLE M’APPARTIENT » m’a scotchée. Eh bien, quel revirement !!! Il me tue cet Edward. Qu’on veuille lui piquer sa raison d’exister, et le voilà qu’il fait taire sans appel cette part en lui qui désirerait qu’elle reste humaine, et qu’il ne risque pas de s’interroger si Jacob serait meilleur pour elle. C’est l’exclamation de la part qui la veut qui a jailli comme un cri du coeur. Et elle l’entraîne. «
Mets-toi dans la tête que je ferai bientôt partie de la famille » lancé par Bella le lendemain de la séance d’instruction dans les bois, le ravit.
Pour révéler, hélas aussitôt après, un visage inexpressif en remarquant qu’elle porte un bracelet avec un loup sculpté, offert par Jacob. Ne rien démontrer m’est encore plus douloureux. Mais lui sait se surmonter, se battre tout en finesse et délicatesse. Accéder à être représenté. Peut être, est-ce le cadeau qu’il aurait tant aimé pouvoir lui offrir pour marquer son diplôme, lui qui souhaitait qu’elle veille sur son cœur, fragile comme ce pendentif en cristal. Ainsi apposé à celui de Jacob, ce cœur silencieux comme le sien qui ne bat pas, de veillé deviendrait également veilleur. Chaque fois qu’elle regardera son bracelet, il sera aussi présent. Découvrir qu’il est en diamant, son symbole m’est encore plus magnifique. S’il brille comme son corps au soleil, il brille bien plus à l’intérieur. Un amour pur, limpide et éternel.
Bella ne lui épargne décidément aucun répit émotionnel. A présent, il doit lutter contre sa conscience, torturé qu’elle ne veuille pas qu’il participe à la bataille. Elle saura toucher sa corde sensible, lui rappeler la folie qui l’a gagnée après son abandon et le défier de l’accompagner au combat. Il ne peut que rendre les armes pour choisir l’option qui lui est la plus facile à vivre. Rester pour lui éviter de souffrir et ne pas l’exposer au combat.
Waouh ! Je suis de retour à Fascination. Quel bonheur de retrouver Edward avec toute son assurance et sa ténacité à l’avant-veille de cette bataille, dans sa chambre. Maintenant que Bella se sent prête, elle sait bien au fond d’elle qu’elle va devoir se résigner à se marier tenant pour acquis la fameuse condition. Alors autant marchander ce consentement éprouvant contre un compromis coquin avant de l’épouser. D’abord horrifié par ce vœu avec tous les risques que cela comporte, il comprend combien c’est important pour elle. Déchiré par le doute, sa demande le pousse à puiser un niveau de concentration et de contrôle stupéfiants. Encore un nouveau défi. Mais au lieu de se laisser emporter par la vague de désir qui les submerge, il parvient à récupérer ses esprits pour refuser d’aller plus loin en réalisant… qu’il s’en sentirait capable. Hum !!!
Edward n’avait jamais voulu s’adonner aux plaisirs des sens non par soucis de chasteté ou de respect (pas besoin avec Tanya qui espérait depuis des décennies) mais par idéal. Pour lui, c’est un acte d’amour dans tous les sens du terme. C’est pourquoi il n’a jamais transgressé cette règle et passait son existence à réprimer ses pulsions naturelles attendant celle pour qui il éprouverait un amour passionnel. Et voilà que c’est une fragile humaine qui a fait naître de si puissants sentiments.
Il n’en a que plus de mérite d’arriver à lutter contre ce petit démon ô combien tentateur pour se montrer digne de ses convictions. Ce soir, comme si ce n’était pas assez difficile de se retenir, elle s’offre à lui sans aucune retenue. Je suis surtout admirative qu’il ait résisté, alors qu’il en meurt d’envie depuis leur premier rapprochement dans une certaine clairière où il avait dû s’éloigner subitement. Sans oublier après son retour où il s’est obligé à s’éloigner de l’ordinateur en soupirant... Ah, celui-là, dès qu’il estime agir au mieux pour Bella, il est prêt à toutes les restrictions, à tous les efforts mais aussi à toutes les astuces.
Il est touchant de voir combien il reste attaché aux coutumes et aux valeurs morales de son époque comme officialiser leur union par le mariage. On sent que cet acte symbolise particulièrement pour lui la profondeur de son engagement solennel, sur fond de reflet de son passé d’humain. Mais aussi par l’acceptation de ces liens sacrés, c’est être conscients de s’engager à s’unir pour le meilleur comme pour le pire. Encore plus dans leur cas. Unis pour franchir ce pas, prêts tous les deux à assumer les conséquences bonnes ou mauvaises de cette transformation qui se profile avec ce choix qui n’est pas réversible comme avec un simple divorce chez les humains tout douloureux qu’il puisse être.
Les relations sexuelles avant le mariage étaient, de son temps, considérées comme un péché. Les femmes s’évertuaient donc à défendre leur virginité, en outre que souillées, elles risquaient qu’aucun homme ne veuille les épouser. Lui n’avait pas à s’imposer ce précepte de la respecter pour l’amener pure à l’autel puisqu’il n’était question de lui faire l’amour que lorsqu’elle serait moins fragile. S’il est persuadé que pour son âme il est trop tard, il ne veut pas mettre celle de Bella en péril et il va réagir en inversant les rôles, pour appliquer cette règle bien malgré elle, connaissant sa répugnance pour les principes ultra démodés. Réaction typique d’Edward. Edward ou l’art de se compliquer l’existence quand on peut faire simple.
Cet Edward me donne le vertige à le suivre. Il a failli m’embrouiller. Pour Bella, ça se comprend, elle a du mal à émerger sous l’effet de ses baisers éhontés. Mais avec quelle élégante maestria, il réussit à retourner le compromis à son avantage. Il faut que le mariage lui tienne à cœur. Moi, ce qui me fait sourire, c’est qu’on est loin de Tentation où sa condition lui servait surtout pour qu’elle ne soit pas pressée de se transformer. Et là, c’est devenu comme une course contre la montre, entre ses envies et Jacob derrière. J’ai encore la tête pleine d’étoiles, émue à l’image d’un Edward agenouillé demandant sa main, le plus heureux des hommes.
Pas pour longtemps. D’un coup, tout bascule à l’extrême. Je n’ose croire qu’Edward ait perdu la raison à ce point… Un radiateur ? Je ne sais plus si j’ai posé ma main sur ma tête ou sur ma joue, le temps de me reprendre. Faut-il qu’il se sente impuissant et misérable, en la voyant souffrir du froid, de ne pouvoir faire ce qui est à la portée du plus commun des mortels. Se blottir près d’elle pour la réchauffer. Jamais il n’a dû autant haïr sa condition de vampire, ce corps froid qui l’oblige à se tenir éloigné d’elle. Jamais autant regretté de ne pas être un humain. Jaloux du corps chaud de Jacob, jaloux de subir sous ses yeux, l’étreinte et les pensées de ce dernier. Avouer que sa jalousie est si intense qu’il en a du mal à contrôler sa voix, me fait frémir. Cette nuit-là, tout a dû s’entrechoquer violemment. La jalousie, le mélange de gratitude et de respect pour Jacob, l’échange de conversation qui ont revivifié ses démons, entendre de Bella, Jacob, mon Jacob. J’en mesure toute l’ampleur pour qu’il ait à fixer le sommet de la tente afin d’empêcher Bella de lire le chagrin et l’enfer personnel qu’il a vécus.
Et vlan ! Voilà, toute sa maîtrise retrouvée. Elle ne va plus le quitter quels que soient les événements qui vont s’enchaîner. Aïe ! La flèche vengeresse. Le mot magique : mariage. Qu’est ce que ça a dû lui faire du bien. A moi aussi. J’ai trop apprécié. Depuis que j’attendais de le voir se dévergonder avec ce Jacob qui l’asticotait. Enfin une réaction on ne peut plus humaine. Avec ses codes moraux, cette attitude devait lui sembler bien basse. Pas pour ma part. De par cette indirecte, c’était le moins qu’il puisse décocher. Ravie qu’on soit finalement en accord, en reconnaissant par la suite qu’il est un saint à côté de Jacob et non sans raison. Ce dernier, lui, s’en fiche complètement des codes rien qu’à constater son chantage inqualifiable. Mais c’est qu’il n’a qu’un but et il est pris par le temps, donc pas d’autre choix. Alors, je le comprends. Pour cette raison je n’ai pas pu lui en vouloir. Indulgente moi ? Non, tout simplement réaliste même si je n’approuve pas certains moyens. Jacob ne m’a profondément déçue qu’une fois mais ce n’est pas dans ce topic que je vais m’en exprimer. Bien que profondément peiné, Edward est d’ailleurs admiratif qu’il n’ait reculé devant aucun scrupule, pour la manipuler, contourner sa promesse et l’atteindre doublement.
Cette pique qui l’aura déchargé sur le moment, ne sera pas sans conséquences. Mais ses réactions seront si sublimes qu’il prendra une place inestimable et irrévocable dans mon cœur déjà conquis.
… Après son coup de fil, Rosalie, rongée, reconnaîtra qu’il n’a jamais été aussi malheureux depuis qu’il connaît Bella mais jamais aussi heureux. Edward aime dans la douleur. Comment ne pas le comprendre. Comment ne pas être heureux quand la fille que vous aimez, alors que vous vous considérez comme un monstre, chose inimaginable, vous aime aussi follement. Mais comment ne pas être horriblement malheureux quand cette fille que vous aimez aurait voulu sacrifier sa vie d’humaine pour vous permettre à tous deux de vivre pleinement votre amour, la priver de son futur naturel, l’entraîner dans une vie qui n’en est pas une. Il avait douloureusement choisi de l’abandonner plutôt que d’accepter cela.
Pourtant après le vote, il est contraint de l’accepter. S’il le désire par-dessus tout pour lui, il l’aime encore plus que ses propres désirs. Et pour elle, il veut une vie meilleure qui ne nécessiterait pas le sacrifice de son futur humain. Le vouloir serait criminel. Il culpabilise. Mais tant que ce sera mieux pour elle, tant qu’elle le voudra, il assumera ce choix. Sa raison le pousse à retarder l’échéance qu’elle a fixée. Alors, il va subtilement multiplier les tentatives, qu’elle ait du temps pour réfléchir, mûrir sa décision, qu’elle puisse découvrir ce qui pourrait la retenir. Avec cet objectif en tête, on en reviendrait presque au temps d’avant la rupture. Ca pourrait durer indéfiniment comme pour leur relation amoureuse où les baisers ont à peine évolué même si la passion monte.
Restant coincé dans cette position, il n’est pas encore complètement heureux. Un avenir commun se construit avec un bonheur partagé. Il faut le désirer à deux. Elle a fait son choix, il faut qu’il le veuille aussi et non le subir. J’aime d’ailleurs cette phrase dans le film Tentation : « Je n’y arriverai pas toute seule ». A plus ou moins longue échéance, elle sera sienne. Or, il n’est ni en harmonie actuellement avec elle, ni il le sera plus tard avec lui-même tant qu’il continuera à se morfondre intérieurement et ne décidera pas de le vouloir lui aussi. Il doit combattre cette part de lui qui ne veut pas. Pour l’instant, il n’a pas cette visée, sa priorité étant de reculer l’échéance de sa transformation.
Jacob va être l’élément déclencheur. Après une première mauvaise réaction, ses contraires se heurtent et doivent le plonger dans un dilemme douloureux. Souffrir de ne pas devoir accepter de la vouloir, souffrir de la vouloir, souffrir de devoir la laisser aller, souffrir de vouloir la garder, souffrir de ne pas la voir heureuse, souffrir pour la rendre heureuse. Puisque ce conflit interne le tourmente tant et qu’il désirerait qu’elle reste humaine, cela ne résoudrait-il pas une part de son dilemme, s’effacer et la pousser subtilement dans les bras de Jacob pour qui elle éprouve un certain attachement. Il libèrerait au moins sa conscience s’il n’est pas capable de prendre une décision.
Un choix, quel qu’il soit ne peut qu’être douloureux quand les opposés s’affrontent. Bella, elle, simple humaine, n’a pas hésité à risquer sa vie pour le sauver, parce qu’elle l’aime. Elle a fait voter son choix parce qu’elle le veut. Mérite-t-il son amour en restant prisonnier de ses conflits alors qu’elle n’a pas hésité à donner son corps et son âme pour lui ? Est-ce une preuve d’amour que de rester passif, simple spectateur de son destin ? Elle la fait revivre. Le bonheur ça se conquiert. Ne doit-il pas lui prouver ainsi à quel point il l’aime en se battant pour que cette part la veuille pleinement. Rester déchiré ne peut résoudre à choisir ni à avancer.
C’est une épreuve pour lui. Ce ne doit pas être sans une certaine souffrance qu’il va s’affronter. Mais il sait enfin ce qu’il veut et ça le libère. Il va lutter contre ses démons internes, contre ses croyances qui le torturent, se battre pour accepter de la vouloir. Mais il ne va pas renoncer pour autant à lui laisser l’opportunité qu’un autre choix s’offre à elle. Concilier conscience et bonheur. Laisser cette part intacte qui veut avant tout son bonheur à elle, mais aussi lutter pour leur bonheur et être digne de l’obtenir, ce qui lui permettra d’être en harmonie avec elle, avec lui-même. Il va devoir se dépasser. Et ce combat nécessitera de sortir ce qu’il a de meilleur en lui s’il veut créer un certain équilibre entre ses deux contraires qui sont pourtant tous deux des preuves d’amour, même si dans un il n’y a pas sa place. Il va assumer sa décision et surtout l’assumer jusqu’au bout. Il va m’époustoufler. Il n’a pas lâché.
«
QU’EST DEVENUE TA TENACITE ? NE T’OFFRE PAS EN SACRIFICE. BATS-TOI. » C’est profondément triste qu’il lui demande COMMENT ? Mais moi, j’avais envie de le CRIER ce COMMENT !!! C’est le passage qui m’est le plus douloureux dans ce tome. A chaque fois, la même émotion me reprend, je ferme fortement les yeux, incapable de retenir mes larmes, étouffant mon envie de le hurler ce COMMENT tellement j’ai mal pour lui. Et aussi à chaque fois, durant quelques brefs instants, je ne puis m’empêcher à ce passage là, d’éprouver du mépris pour elle, la seule fois d’ailleurs de toute la saga, pour ses mots de trop, pour ces mots qui me blessent atrocement pour lui.
Se battre à présent comment, contre qui, contre quoi ? Il n’a eu qu’un seul rival, lui-même. Jusqu’à ce matin-là, Il s’est battu contre lui pour elle… pour lui prouver à quel point il l’aime. Il s’est battu contre elle… parce qu’il l’aime trop. Quel cruel et douloureux paradoxe. Il n’a jamais cessé de lutter, il a mené son combat jusqu'à bout, conduisant ses deux pôles de front. Il la veut dans son monde, ce qu’il n’arrivait pas à accepter. Elle est face à un autre choix, ce qu’il désirait. C’était son unique engagement. Il ne s’est pas battu pour l’empêcher d’aimer un humain qui ne l’aurait pas privée depuis de longs mois de rapports amoureux évolutifs naturels, avec qui elle aurait envie d’avoir des enfants, avec qui elle n’aurait ni à quitter ses parents ou amis, ni risquer de perdre son âme en renonçant à son humanité.
Cette nuit, où il n’a même pas pu la protéger du froid, ne pouvait se présenter une meilleure occasion pour Jacob de retourner cette arme naturelle contre lui pour l’amener à renoncer. Il va continuer à s’en servir finement par ce magnifique échange dans la tente pour le crucifier, le faire culpabiliser. Jacob connaît son point faible. Cette conversation et une simple étreinte de survie auront amené un tourbillon violent de tourmente et de souffrance dans son être déjà ravagé de jalousie. Mais il va tout donner de lui-même pour ne pas se laisser dominer par ce qui l’avait poussé à partir. Maintenir l’équilibre. Il ne cèdera ni à cette autre part de lui, ni par delà même à Jacob. Il a résisté, déterminé à offrir à Bella cette part de lui qui la veut. Et il va prouver à ce dernier qu’il n’a pas fléchi. Du moment qu’elle le veut, lui aussi la veut… pour l’éternité. «
Dans un siècle, quand tu auras pris suffisamment de recul, je t’expliquerai » lance-t-il à Bella, sachant qu’il l’entend.
Peu après, il est malheureux que cela en ait causé tant de désolation à Bella, lui qui déteste par-dessus tout, la faire souffrir. Malheureux aussi qu’elle éprouve tant d’affliction pour Jacob. Mais ne souhaitait-il pas qu’elle ait été confrontée à ce genre de situation avant qu’il ne soit trop tard. Torturé par le remord, quitte à la perdre, il se doit d’aller chercher Jacob pour lui donner l’opportunité de prendre une décision même si elle lui a déjà promis le mariage. Cela ne peut qu’en être encore plus douloureux maintenant, fou d’inquiétude qu’elle ne change d’avis. Et ce n’est pas sa sœur avec qui il ne peut communiquer à ce moment là qui pourrait le rassurer.
Ah ! Ce regard vide sous le choc des images émises par Seth. Il a vu que Jacob l’a manipulée mais aussi qu’elle a répondu passionnément à son baiser. Il lui avoue bien qu’il en a de la peine mais il doit en souffrir plus horriblement qu’il ne le montre. Mais alors qu’elle réaction extraordinaire, quelle maîtrise de ses émotions. Il faut que ce soit un amour absolu qui le guide pour faire une telle preuve d’humilité et de compassion au lieu de s’enfermer dans sa peine ou lui faire des reproches.
Parfois, les silences atteignent plus que les reproches. Et comment lui en faire ? Déjà, ce n’est pas dans sa nature et il souhaitait qu’elle vive des expériences humaines. Et puis, était-ce vraiment vouloir son bonheur que de jouer les offensés, l’insulter dans un cas où un futur irréversible est en jeu ? Surtout que, malgré sa peine, il est conscient que son abandon est responsable de son rapprochement avec Jacob. Que ce rapprochement a provoqué un attachement réciproque créant inévitablement des liens qui ont fait naître des sentiments. Peu en importe la nature ou la profondeur pour chacun d’eux. Et, il ne peut aussi, que constater avec tristesse avec quel élan naturel peuvent s’abandonner deux jeunes personnes, lui qui n’a pas lui donner une relation amoureuse normale.
«
Je ne t’obligerai pas à choisir entre nous deux. » Il ne risquait pas de lui mettre la pression en la forçant à choisir entre lui et Jacob. Ce n’était pas dans de telles circonstances qu’il devait le faire. Et puis, il l’aurait déjà fait avant, après qu’elle ait filé à la Push malgré son interdit. Ce n’était pas sa plus grande crainte qu’elle ne le choisisse pas qui l’avait poussé à être plus tolérant, cela ne représentait qu’une petite partie. Mais lui donner l’opportunité de choisir naturellement comme il le fait aujourd’hui.
Elle était déjà suffisamment perturbée par cette atmosphère de bataille, bouleversée par ce qu’elle venait de vivre avec Jacob pour la désorienter davantage. Avec la pression, dans cet état de confusion, il n’aurait jamais su si elle avait pris la bonne décision sans toute sa clarté. Là, où elle veut le rejoindre il n’y pas de retour possible en arrière. Malgré son immense amour pour lui, elle pourrait réaliser que ça lui est trop douloureux de quitter sa vie actuelle, de quitter ceux qu’elle aime, de ne pas connaître la maternité. Et tout ça, il ne veut pas qu’elle le regrette après, quand il sera trop tard.
«
Je souhaite ton bonheur, je te donne tout ce que tu voudras de moi, ou rien si c’est mieux pour toi. » L’amour est liberté. Il lui offre juste ses deux Edward. Celui qui est prêt à l’accueillir dans son monde et celui qui est prêt à la laisser dans son monde actuel si c’est mieux pour elle. Il la veut, à elle de décider si elle veut tout de lui. Il sait qu’elle aime moins Jacob que lui, mais il sait aussi que celui-ci l’aime sincèrement, qu’il est capable de la défendre, qu’il pourrait lui faire des enfants, la rendre heureuse sans avoir à renoncer à son humanité. A elle de décider si c’est mieux pour elle.
«
Qu’était ma douleur, en comparaison de son bonheur ? ». POV d’Edward-Tentation. Il est intact, il ne l’a pas cédé. Aimer quelqu'un au point de préférer le bonheur de l’être aimé, au sien, n’est ce pas la plus grande preuve d’amour ? Ses deux parts ont en commun un même intérêt, son bonheur à elle avant tout. Quel que soit l’aboutissement, même en souffrant, il en sortira heureux et en harmonie avec lui d’avoir lutté pour lui offrir ses deux part de lui.
Je ne trouve pas de mots assez forts pour exprimer sa sublime attitude. Seule une réaction aussi généreuse, aussi mature, aussi responsable, ce son de soi pouvaient permettre à Bella de prendre une décision éclairée dans une ambiance aussi peu propice. S’il tel que j’avais perçu Edward, il aurait agi autrement et s’il aurait cédé à la facilité, il aurait perdu de la valeur à mes yeux.
Sa réaction ne pouvait être plus sensée. Il n’y a qu’à voir qu’elle n’était pas dans un état normal. Lui demander de faire l’amour, là ! Comme si c’était l’unique solution à ses problèmes. Bon d’accord, deux mecs qui enflamment ses sens, coup sur coup, après des mois de diète… Mais franchement… Sûr que ce n’était pas le meilleur moment pour apaiser cet incendie. Vraiment entrain de péter les plombs la Bella. Heureusement, qu’il s’est montré comme d’habitude le plus raisonnable des deux. Il s’en est plaint assez d’ailleurs.
Il m’a encore impressionnée. Quelle assurance ! Rester infailliblement concentré sur Victoria, remarquer que Seth n’avait pas vu ce que Bella s’apprêtait à faire avec son caillou, prendre le temps d’intervenir et de pousser un soupir exaspéré. Pas étonnant que Seth apprécie le combattant et l’homme. Il a été témoin de tous les échanges et comportements et Edward n’est pas pour lui déplaire dans l’histoire… et cette sympathie est mutuelle.
«
Tu verras, quand je serai vampire ! Je ne resterai pas sur le banc de touche. » D’abord étonné, il ne peut que se réjouir. Il saisit par cette exclamation, qu’elle l’a… gardé. Mais, il ne se réjouit pas de ce qui vient d’arriver à Jacob. Le voir tomber à genoux, les mains sur son visage montre toute l’estime qu’il lui porte ainsi que par l’inquiétude qu’il témoigne à son chevet. Et surtout, il sait combien la souffrance que cela apporte à Bella de le savoir blessé. De par sa sensibilité, il sait trouver les mots qui la feront revenir à elle.
Et ce geste magnifique en l’empêchant d’ôter son bracelet… Et il est persuadé d’avoir perdu son âme ? Impossible. Il a la plus belle qui soit.
S’il y en a qui s’ennuient avec lui, ce n’est pas mon cas. Entre cette palette de réactions contrastées, ses tourmentes, et son amour pour Bella, il m’a enivrée en m’emportant vertigineusement d’une contrée à l’autre. Je n’ai vécu que lutte pour canaliser ses émotions d’autant plus violentes qu’inconnues, pour se contrôler aussi bien extérieurement qu’intérieurement, se concentrer, prendre des risques qu’il ne prenait pas avant avec elle, réfléchir, rectifier ses erreurs, agir... Il m’a fait pleurer, il m’a fait sourire. Je suis émerveillée de ses combats, de sa farouche volonté pour aller toujours plus loin, y arriver sans jamais capituler. Cette force, il ne l’a pas puisée que dans l’expérience de son grand âge mais dans son amour pour elle en écho avec le sien.
Cet amour, cette volonté vont aussi lui permettre d’accomplir quelque chose d’impensable dans Fascination en passant par cette transition de Tentation finalement nécessaire pour devenir un vrai couple. La rupture aura été plus positive que négative. La vouloir de tout cœur pour l’éternité et pouvoir lui faire l’amour sans passer avant, par la transformation. J’en suis ébahie. Quelle évolution !
Edward tu m’émerveilles, tu es une symphonie où je m’y noie. Je m’en fiche que tu ne sois pas parfait. C’est d’ailleurs ce que j’aime en toi. Merci Stephenie pour cette si belle création.